dimanche 13 novembre 2022

Une place vacante

 Gros spleen sur le chemin du retour.

Est-ce qu'il existe ici quelqu'un pour moi ? 

Mes exigences sont-elles irréalistes ? Pourtant, j'ai l'impression de demander quelqu'un d'un peu comme moi, c'est tout. Est-ce que j'ai un profil trop particulier pour trouver un semblable ?

Toute ma vie j'ai essayé de trouver quelqu'un qui me ressemble. Quelqu'un qui puisse comprendre.

Je veux bien également me contenter d'une complémentarité. Et qu'on s'équilibre nos faiblesses mais, souvent, c'est juste moi qui m'adapte. Aujourd'hui, je veux qu'on fasse le pas vers moi aussi. Est-ce trop demander ?

J'ai l'impression d'avoir acquis avec le temps et l'expérience, les moyens et les compétences de rendre un partenaire heureux.

J'ai construit, embûches après embûches, des parades pour désamorcer les blocages émotionnels et de quoi ne pas alimenter les dépendances affectives. J'ai développé des outils personnels de communication afin de comprendre le langage de l'autre, identifier et répondre de la manière la plus juste aux besoins de chacun. J'ai compris quand être là, et quand laisser de l'espace. Je sais entendre et attendre. Sans faire peser à autrui le poids de ce que je ressens, du mieux que je peux. Je sais être créative, affectueuse et positive. Et je suis putain de drôle, bordel.

La dernière fois que je discutais avec toi, tu me disais que de ton point de vue, tu serais probablement le pire petit ami que tu pourrais te souhaiter, voire que tu pourrais souhaiter au monde. J'avais réfléchi un instant avant de te répondre qu'en toute objectivité, de mon côté, je sortirais bien avec moi-même. T'avais rétorqué que selon nos personnalités respectives, ça faisait plutôt sens. Enfin, un truc du style. Je ne me rappelle plus de l'idée exacte, c'était surtout que t'avais pas l'air plus étonné que ça.

J'avoue que dans les relations sentimentales, je trouve que je suis une meuf plutôt cool. Mes pensées peuvent crépiter et partir en couille à des moments inopportuns mais en général, ça déborde pas du cerveau. En bout d'une suractivité émotionnelle, une flopée de sas de décompression. Parce que c'est un peu le but de la vie, d'apprendre à gérer les aléas.

Je ne sais pas où tous ces mots me mènent. A une injustice que j'intériorise depuis longtemps, sûrement.
La sensation d'avoir passé du temps à construire un jardin intérieur riche et haut en couleur dans l'espoir d'un jour y rendre ce lieu accueillant et ressourçant pour certains, pour finalement se rendre compte qu'un jardin intérieur, comme son nom l'indique, c'est quelque chose pour soi. Pour se rendre heureux soi. Et c'est beau mais c'est comme les rêves, ou les voyages en solitaire. C'est une richesse qui n'est pas directement partageable.

Et c'est comme ça. Ça rend les instants précieux.
Précieux et terriblement mélancoliques.

lundi 7 novembre 2022

En dessous de ta voie lactée

Evidemment, je me suis mise à réécouter ta musique.
C'était prévisible. J'usais déjà de ce stratagème quinze ans en arrière pour compenser ton absence.
T'as jamais su, je pense. A quel point je connais tout par coeur. A quel point ces notes là, elles sont intégrées.

Quand la dernière fois je t'ai confié à quel point j'avais été mystique dans ma jeunesse, t'as ajouté : "C'est pour ça que tu chantais si bien !". Comme si ma voix touchait à un autre degré. C'est aussi un truc que tu m'as dit quand on s'est avoué nos attirances respectives, que moi qui chante, c'était de ces images hypersexualisées de moi que tu avais gravées en tes rétines. J'avais été émue de voir que c'était ce genre de moments qui t'avaient marqués dans nos rencontres. Pas les phases de jeu, des moments où j'étais moi-même.

Le point positif, c'est que je me suis remise au piano.
Tu m'as toujours fait ça. Tu m'as toujours donné l'envie de m'améliorer.
Je trouve ça dingue, l'admiration mutuelle. Parce que, de mon côté, je la comprends pas. Quand je te regarde avancer, quand je t'entends réfléchir, quand je m'étonne d'être le témoin de ce que tu rends beau au quotidien dans tes actes, ta façon de penser, de créer, dans le travail fastidieux que tu entreprends ou juste, d'observer le chemin que tu as accompli jusqu'ici, c'est sûr, je veux en être, moi aussi je veux faire parti du voyage ! Avec toi, on ne va jamais s'ennuyer, c'est une certitude. Quand je t'ai en face de moi et que t'allumes toutes ces étoiles dans mes yeux, je me sens si petite sous cette voie lactée là. J'ai du mal à intégrer que moi aussi, je brille.

Alors, je t'en prie, continue de ressortir mes phrases d'il y a quinze ans mot pour mot. Continue de me prouver que même quand j'étais pas là, j'ai influé un peu sur les décisions de ta vie. J'ai pas encore bien compris comment j'avais compté pour toi ni quelle était la substance réelle de ce que tu avais gardé, mais j'ai compris que j'avais compté.

Pour l'instant, on va dire que ça calme le cœur.

Un gouffre à l'intensité

C'est toujours un certain mystère, ce que tu me laisses, après ton départ. J'ai l'impression que le gros du travail se fait en aval, une fois que t'es plus là. Que ce qui est palpable, c'est la différence entre les perspectives que tu m'ouvres et la difficulté à reproduire ces possibilités là en dehors de toi. C'est ce qui a fait, je pense, que je t'ai couru après durant des années, alors que tu n'étais qu'un fantôme et que malgré ma raison, l'idée de te rayer de mon esprit restait inconcevable.

Je pense que la réflexion, elle est partie de notre discussion de la dernière fois. Où tu me disais, non Anne, tu ne pourras jamais réalistement être à 100% de tes capacités avec quelqu'un et surtout, ce n'est même pas sur que l'éventualité te soit profitable, ni saine à terme. Et je comprends bien que mon paradigme est idéaliste. Mais l'illusion de la perspective me suffit, je crois. Ces dernières années, je me suis trop souvent sentie bridée par l'autre. Autant parce que je ressentais que l'autre n'était pas apte à recevoir ce que j'avais à lui donner (que ce soit en terme d'amour, d'attention, de compétence, de collaboration), mais aussi à l'inverse, je ne trouvais pas de répondant, je ne voyais pas en l'autre la possibilité d'un partenariat où je pourrais moi aussi développer mon potentiel. Je ressors de mes dernières relations sentimentales avec un goût de trop peu, d'inachevé voire de gâchis. Où à chaque fois je me dis, c'est dommage. Plus j'avance dans la vie, plus je prends conscience que je suis limitée dans mes réalisations quand j'essaie de construire de bout en bout quelque chose par moi-même. Mon désir, il part de la fusion de mes ambitions d'existence avec la prise de conscience de mes limites humaines. J'ai envie de construire quelque chose avec quelqu'un. Et au delà de ce fait basique, j'ai besoin d'imaginer concrètement que j'en ressortirai fortement grandie. Que ce sera le point central d'une expansion personnelle. Très probablement un autre moyen d'échapper à la mort, quand on y pense.

Avec toi, à chaque fois, c'est ce que je ressens. Non seulement je ressens une connivence, une connexion mutuelle d'un degré rare et c'est une constatation pragmatique : on est chacun muni des outils adéquats pour se comprendre mentalement. Le coeur certes, c'est une autre histoire. Mais c'est déjà beaucoup et ça n'a été qu'exceptionnellement atteint au cours de ma vie. Les occasions, je les compte sur les doigts d'une main. D'une main amochée, même. Mais aussi, avec toi, j'ai l'impression que c'est toujours possible. Que les idées saugrenues de mon cerveau, t'es partant pour les matérialiser. Que tu perçois les enjeux, sans que j'aie besoin de me justifier. Je sais pas si tu fais semblant. Que tu t'emballes parce que c'est un jeu pour toi, parce que c'est ludique, de projeter. Et c'est là que mon besoin de perspectives, il entre en collision avec ta recherche de stimulation. C'est qu'il se satisfait déjà d'une illusion.

Alors, j'y vois bien un autre paramètre.
Je pensais à ça hier soir. En sortant de cet après-midi en compagnie d'un ami de longue date et de sa gamine qui balance d'un regard espiègle "Papa il m'a dit qu'il était amoureux de toi !" avant de rire nerveusement du mauvais coup qu'elle a fait à son père, tout en vérifiant qu'il ne s'énerve pas trop, et lui qui ne sait absolument plus où se mettre et c'était très bizarre parce que je le connais sans gêne, ni même pudeur pour ce genre de sujets, d'ordinaire. Je pensais à ça hier soir, aux personnes à qui j'en ai fait baver, dans ma jeunesse. Aux relations qui sont restées en suspend pour les autres. Notamment parce que j'y avais mis un stop très franc avant qu'elles n'existent réellement, tout en ayant montré en quelque sorte une bande annonce de ce que ça aurait pu être. Ça n'est arrivé je pense qu'un couple de fois mais à chaque fois, quand il n'y a pas eu concrétisation des espoirs, c'est comme si l'autre avait mis pause l'histoire et qu'il en était resté là où on s'en était arrêté : à l'horizon des possibles. A l'endroit où l'imagination est la plus tordue envers soi-même. Il n'y aura jamais de conclusion au désir alors le cerveau comble le vide par le fantasme. On a si peur du vide et de l'absence de sens qu'on le recrée. On fait tous ça.

Je me rends compte que les personnes qui m'ont le plus romantiquement aimée ont eu à faire aux relations les moins partagées. Aux instants les plus cruels et insensibles que j'avais à offrir. Que ces instants, qui datent pour certains de bien vingt ans, s'accrochent à eux encore aujourd'hui. Qu'il y a des hommes qui m'ont follement aimé en secret pendant plus d'une décennie et que c'est précisément ces hommes que j'ai par le passé, fait souffrir.

Je n'écris pas ça pour poser un point de vue moral sur la chose. On a tous déjà été le bourreau ou la victime de quelqu'un.

Le trauma crée un gouffre à l'intensité.

Je le savais bien sûr, mais les événement récents de la vie ne cessent de rappeler à mes lèvres cette question.
As-tu été un trauma pour moi ?

Est-ce qu'elle vient uniquement de là, l'intensité ?
Est-ce que les perspectives qui s'ouvrent à moi ne sont que le fruit de mon cerveau qui recrée du sens ?
Est-ce que dans le fond, ton absence, elle n'est pas davantage représentative de ce que tu as réellement à me donner ?

dimanche 23 octobre 2022

Comme une herbe folle qui craquèle le béton par la rage de vivre

Je ne sais même pas si j'ai le droit d'être en colère. Si cette boule au ventre, elle a la légitimité de sa place. Je ne sais pas parce que comme d'habitude, tu ne donnes pas de nouvelles. Je n'ai ni les éléments, ni les informations. Je n'ai rien sur quoi baser un quelconque jugement. Juste, cette boule, qui grandit, devient lourde et amère au fur et à mesure que les chemins se desserrent, que les intentions se désengagent d'une direction semblable.

Je ne comprends décidément pas comment tu fonctionnes.
J'avais l'impression que ce qu'on a vécu là, c'était un peu magique. Et que, malgré les emplois du temps chargés, on restait toujours à une seule rue d'écart. J'aurais cru, comme moi, que l'envie de me serrer aurait été plus forte, j'aurais pensé que t'aurais cherché à capter mon sourire l'espace de cinq minutes, le temps d'un café, l'instant d'un regard échangé, plutôt que le silence.

Le lendemain par message, après avoir compris mon enthousiasme, tu m'écrivais "ouf, j'ai réussi mon audition". C'est dingue. C'est comme si tout ce temps t'avais préparé ton entretien d'embauche pour ce poste dans mon coeur. Et qu'une fois les délibérations établies et ta place approuvée, tu ne te présentais pas sur ton nouveau lieu de travail.

Je ne te comprends pas mais je veux te demander, pourquoi tu es toujours si impliqué, puis tu disparais. Pourquoi c'est si fort à chaque fois et que naturellement, ça ne te vient pas à l'esprit d'entretenir ce lien. Je ne comprends rien. Je suis si bouleversée. A chaque fois. Tu retournes ma vie, tu laboures mon quotidien. Puis tu me laisses en jachère. T'as méticuleusement tout mis en place pour que ça marche, puis tu te casses comme si c'était pas toi qui l'avait demandé. Comme si c'était pas utile, que t'en voulais pas.

En fait, je percute pas comment ce qu'on a vécu tous les deux ce soir là n'a pas créé l'envie en toi.
A peine quitté, ton corps en transit en salle d'embarquement, tu m'écrivais : "Moi aussi je voyage avec un goût de reviens-y."
Et depuis, c'est comme si tu n'étais jamais rentré.
Tes mots prononcent "à bientôt" comme s'ils voulaient dire "au revoir".

Et moi, en t'attendant, je suis défaite. Décomposée. Je suis si lente à démarrer. Si difficile à freiner par la suite. T'as fait tout ce chemin pour me cueillir mais t'en fais rien et ça me rend barge.

Je ne comprends pas, il n'y a rien de cohérent dans tes attitudes. Quel est le sens ? Et tous tes mots...
Pourquoi ?
Pourquoi tu me fais ça ?
C'est si cruel.

Je n'arrive plus à fonctionner correctement.
Tu débarques comme une fleur, juste le temps de ranimer mon coeur. Et tu le piétines.
A l'intérieur, si tu savais le massacre que tu es en train de commettre. Je t'en veux. Tu m'as fait ça à chaque fois. Pourquoi. Pourquoi tu t'acharnes sur moi de la sorte. Pourquoi tu m'as pas laissée tranquille ? Après toutes ces années à tenter d'effacer les marques de ta lumière en mes souvenirs, tu reviens une fois que j'ai bien fini le travail et encore une fois, tu le saccages ? Tu n'as donc aucun respect pour ce que je peux ressentir ? Tu crois qu'avec moi c'est du libre service ? Que c'est buffet à volonté ? Que tu peux tout prendre comme ça, parce que tu avais faim ?

Je suis si révoltée. Ton attitude insensible et inconséquente est en train de me créer de vrais traumatismes. Et en plus, je sais déjà comment ça se termine.

Je le sais déjà, parce que je l'ai vécu un million de fois. Tu vas réapparaitre de nulle part, ou par l'intermédiaire d'un de mes proches à qui tu vas demander de mes nouvelles.Tu vas sommairement te justifier, en donnant des explications claires qui font sens, puis tu feras réopérer la magie d'une rencontre avec tes mots, tes actions et pensées éclatantes. Alors, je te pardonnerai. Parce que toi en face, il m'est impossible de croire en ta nuisance. Et comme à chaque fois, après toutes ces choses en moi que t'auras fait briller, naitra l'espoir. Et avec, l'envie d'assister tous les jour au miracle de ton existence. Comme si, c'était la seule chose pour laquelle j'étais faite. Envers et contre tout ton poison, tes disettes et ton égocentrisme. Tant pis. Comme une herbe folle qui craquèle le béton par la rage de vivre, j'irai craqueler ton cœur par la rage de t'aimer. Et si ta carapace est trop solide, je n'aurai pas le choix. Je m'en irai mourir dans un coin d'obscurité, desséchée par tes promesses vaines et arides et ce sera la fin d'un souffle court.

vendredi 21 octobre 2022

Tu veux pas qu'on essaie ?

Je crois qu'il faut que je te parle. Que je te dise, ici, les choses.
Tu sais, c'est comme un vieux rêve qui se réalise. Quand je pensais à toi, à notre histoire, et que j'imaginais comment ça aurait pu se finir autrement. Tu serais revenu et tu m'aurais avoué "non mais en fait, c'est pas ce que tu crois". "En fait j'ai fui mais...c'est parce que je suis fou amoureux.". A chaque fois, je réinterprétais tes gestes, me demandant "peut-être que...", "qu'en réalité...". Qu'en réalité, tu ressentais les mêmes choses que moi. Mais qu'on était juste cons. Et pas compétents en la matière. Intérieurement, j'avais ce fantasme du mec sûr de lui qui perdait ses moyens en ma présence. De l'artiste génial que j'intimidais. Un retournement de contexte. Je rêvais qu'un jour nos chemins se recroisent et que tu lances un "je ne t'ai jamais oubliée".

J'en rêvais, t'entends.
Ça a tourné en boucle en mon esprit des années durant.

Tu ne m'as pas dit : "Je ne t'ai jamais oubliée".
Tu m'as dit : "Je me souviens de tout."

Tout. Des motifs et de la texture de ma culotte la première fois que l'on a dormi dans le même lit, il y a 15 ans de cela. De chacune de mes phrases que tu m'as répétées mot pour mot, de mes postures, tu as refait mes gestuelles de mains, de mes habits, de mon style, de mes goûts, tu te souvenais de tout. Tu m'as dit : "tu ne peux pas savoir comme je t'ai hypersexualisée en mon esprit. J'ai un catalogue d'images de toi presque infini en moi.". Et quand je te demande le contenu de telles images tu me réponds :
"La fois où j'étais assis par terre et tu étais allongée sur mon lit, la tête à l'envers."
"La fois à la sortie du car en chemin vers la fac, tu marchais devant moi et on voyait ta nuque."
Et quand je réagis avec un "c'est tout ?", tu rétorques "c'était extrêmement marquant pour moi".

Alors j'ose t'avouer que c'était moi l'accroc. Que notre rencontre fortuite du premier soir, c'était une mascarade. C'était moi dans un élan de folie, qui avais orchestré le hasard. Quand tu me fais la remarque "t'avais un petit appétit à l'époque", je te réponds "non, j'étais juste amoureuse et tu me retournais le bide".

Tu es tombé des nues.
"- Tu aurais dû me le dire ! On serait sortis ensemble !
- Oui, mais ta copine...
- Il suffisait d'un geste, tu m'aurais cueilli.."

Et pendant que tu prononçais de vive voix tous les mots que j'avais façonnés un millier de fois en mon cerveau, j'essayais de rester calme. De me raisonner, me dire que c'est trop tard.

"- Tu n'as pas arrêté de me remballer. Tu te rappelles pas ? Tu me disais "ouiii mais Anne, toi il vaut mieux t'avoir en amie plutôt qu'en amoureuse parce que les amitiés, ça se garde."
- C'est parce que j'assumais pas, que j'essayais de me convaincre...
- Et quand ce soir là, on a dormi ensemble et qu'on s'est apporté de la tendresse toute la nuit, tu te souviens ? C'était magique, et toi qu'est-ce que tu as fait ? Tu as dormi seul par terre tous les soirs d'après !
- Mais c'est parce que je me suis senti tout honteux cette nuit là ! Tu ne te rappelles pas ? Le matin, au réveil, on était collés l'un à l'autre et je bandais. Et toi tu m'as dit, amusée "je crois que ça toque en bas" et j'ai eu si honte. Tu te rends pas compte comment je complexais vis à vis de ton expérience....moi je me sentais novice et tu me racontais toujours tes histoires qui avaient l'air incroyables...je me disais "wow, j'aimerais bien les vivre avec elle", mais j'avais peur de ne pas être à la hauteur. "

Je t'assure, tu l'as été. Tu as été bien plus capable que le toi de mes fantaisies passées.
Tu disais que j'avais eu plein de phrases qui avaient impacté ta façon de penser le désir pendant longtemps mais tu vois, ce qu'on a fait toi et moi la dernière fois, 15 ans après...pour moi, c'était mémorable. J'avais même pas réussi à concevoir en mon imaginaire la force de ta sensualité. Je pensais que tu pouvais être doux, certes, mais d'une tendresse rigide. Je n'aurais pas cru à ta chaleur, à la fluidité de tes gestes, je n'aurais pas cru en la persistance de ton désir. En ce courage que tu auras déployé, cette fois-ci, au lieu de fuir, pour me dire les choses, toi, pour m'exprimer avec respect tes envies, pour me demander, avec pudeur, si tu pouvais toucher mon bras. Je ne pouvais pas imaginer comme tu t'emballes, et tes lèvres sur ma peau qui me scellent à toi, je ne pouvais pas croire en tes yeux d'un bleu effronté qui me fixent avec candeur, mes cheveux sur ton visage, comme une cabane qui nous abrite de la lumière. J'ai encore la sensation de tes mains qui me serrent. Je ressens encore tes cris. Je les sens en moi. Je l'écris ici mais je ne pourrais pas exprimer à quel point je n'y croyais pas.

Au réveil non plus, je n'y croyais pas. Même si tu étais resté blotti contre moi durant ton sommeil.
C'est sur, c'est moi qui vais me souvenir, cette fois.

Je ne sais pas si on attend les mêmes choses.
Avant qu'on s'élance, t'as ajouté : "sois mon amie".
Un peu rude, en vertu de tout le reste.
Alors, j'ai aussi conscience que tu m'as dit qu'avant de pouvoir faire l'amour à quelqu'un, t'avais besoin de la considérer comme ton amie. Mais, et si, pour une fois, on décidait d'arrêter de se tromper de message ?
Je ne sais pas si je souhaite encore te faire croire que je peux juste être ton amie. En toute sincérité, c'était si fort, si complet, ça ravive tellement les sentiments en ma mémoire que je ne pense pas tenir très longtemps sans tomber dedans à pleine vitesse, avec tout ce que j'ai, sans protection face à la douleur. Je ne pense pas pouvoir faire semblant, faire genre ça m'atteint pas et je suis au dessus du reste.  Genre je gère, t'inquiète.

Je gère rien du tout, moi. T'as fracassé en un coup toutes mes barrières et tu m'as fait me sentir comme une petite fille en ta présence. Et maintenant que t'as dans la main toutes mes faiblesses, tu vas en faire quoi ?

Ménage mon coeur, s'il te plait. Et respecte moi.
Allez, quand je te reverrai, je serai honnête. Je te dirai que ce dernier moment a été plus important que tu ne l'imagines. Je te dirai à quel point je te trouve incroyable. Et que si toi t'as jamais cessé de me désirer, moi je crois que je n'ai jamais cessé de t'aimer. Même si ça a été très dur de me l'avouer à moi-même. Aujourd'hui, j'ai peur certes. Parce que tu m'as fait du mal. Parce que j'ai la récurrence de la mauvaise expérience de toi qui disparais sans jamais donner de nouvelles. Et me rendre compte qu'on tient pas aux instants ni aux gens de la même manière. Mais je t'ai aussi entendu être à fond et impliqué dans des relations humaines. Je sais que tu peux le faire. Je me dis juste, aujourd'hui, on habite à une rue d'écart. Et enfin, tous les deux, en même temps, on est libres. Sans contraintes morales. Tu veux pas qu'on essaie ?
Tu sais, de tomber amoureux.

Enfin, pour ma part, je suis pas sûre d'avoir à faire beaucoup d'efforts.




mardi 18 octobre 2022

Soul eyes

C'est incroyable la vidéo. Elle fige le temps en mouvement, un drôle de paradoxe.
En mon esprit, ta colonne vertébrale, si droite, tes épaules, si larges pour un gamin de vingt six ans. Dodeliner comme un métronome sur ton clavier, tes bracelets, si imposants, tes mains si fines marteler violemment les notes. Ta nuque qu'on a envie de mordre et tes cheveux, mon dieu tes cheveux... Je m'en souviens, t'étais habillé comme ça tous les jours, comme un jeune clodo défoncé et ton t-shirt ample qui laissait entrevoir le dessin de tes omoplates, je me rappelle maintenant, pourquoi t'étais si sexy, et pourquoi j'avais autant de mal à respecter mes principes en ta présence.

J'avais tellement envie de faire l'amour à ton intelligence. Et t'agripper les cheveux.

C'est dur, ce que tu me fais. Revenir 15 ans après et me faire croire qu'on peut rattraper l'histoire.
Tu t'es jamais rendu compte de l'effet que tu avais sur moi. T'es en train d'ouvrir une faille temporelle de laquelle tu n'es pas prêt à recevoir le désir. Ce désir d'antan que je revis instantanément lorsque je revois les images de tes vingt ans.

Je ne dirai pas que tu n'as pas changé. Mais tout ça est bien vicieux. Tes gestes ont pris en assurance, tes doigts s'aventurent en confiance sur ma peau, toi qui tremblais tellement de te coller à moi. Toi qui n'as jamais osé faire le pas, tu m'embrasses le cou. Tu prononces les mots. Tu m'avoues "cette fois, je me suis dis que si j'avais envie de toi, je te le dirai'.". Tu n'as pas tourné autour du pot. Tu as remis le sujet sur la table plusieurs fois. Après tout, maintenant, tu es un homme.

Et depuis que j'ai commencé à écrire ce texte, je soupire à chaque phrase. Comme s'il fallait encaisser chaque image rémanente de ton corps, et les sensations folles de la douceur de tes caresses mêlée à la puissance de ton envie de pétrir. C'est un dosage parfait que je n'ai cessé de chercher en les autres et toi t'es là, t'arrives comme le poil dans la soupe de toutes mes bonnes résolutions et tu me redonnes le goût de la sensualité.

De toute façon, t'as toujours eu le don pour me redonner goût aux choses.
Pitié, cette fois-ci, ne t'en vas pas.

lundi 17 octobre 2022

Pour voir si les couleurs d'origine peuvent revenir

C'est lui-même qui m'a conseillé d'écrire.
Que si je voulais laisser quelque part une trace de ma visite sur Terre, les mots étaient l'un des moyens les plus accessibles de transmission.

En ce moment, ma vie se résume à dénouer des histoires qui débutent il y a 15 ans.
Je ne sais pas si la vie fonctionne par cycles, ou par périodes. Pourquoi maintenant ? Pourquoi tout me ramène à mes 20 ans si férocement ?

J'aurais pu penser en vue des circonstances que j'étais nulle pour interpréter les réelles intentions des gens. Mais en y réfléchissant une seconde fois, je pense plutôt que j'ai eu plus souvent que la moyenne en face des gens impossibles à interpréter. Des gens avec des cerveaux différents, des systèmes de pensée marginaux et que malgré mes efforts, il ne suffisait pas de toute la sincérité du monde pour comprendre leurs réactions, au delà de ma portée intellectuelle et émotionnelle.

C'est comme ça. J'ai rien pité à rien toute ma jeunesse. Ni à leurs mots, ni à leurs gestes, ni à leurs va-et-viens constants, leurs "oui, non, peut-être". M'en suis fait des cheveux blancs à tenter de remettre de l'ordre dans leurs logiques rocambolesques et maintenant que je relis les vieux textes avec désormais la traduction à mes côtés je me dis qu' "à côté", c'est vraiment le terme. Toute ma vie à passer à côté. De si peu pourtant. Il aurait suffit de vraiment rien, parfois, pour faire basculer les histoires.

J'ai relu des pages et des pages de frustrations d'actes manqués, d'erreurs de timing, d'envies qui se côtoient sans jamais se croiser. La déception d'espoirs qui venaient s'échouer et mourir dans le néant de l'attente. Une lecture assez amère, en somme.

15 ans plus tard, que valent les liens qui se renouent ? Que valent les "et si ?"
Faut-il se donner la peine de répondre à des questions si anciennes lorsqu'elles se rappellent à nous ?

J'ai peur d'avoir mal.
Les sentiments d'avant. Tout était puissant et intense, parce qu'on a la force de la jeunesse avec nous et la furieuse envie de brûler nos années sous le totem de l'expérience.

Mais ces sentiments d'avant avec ce coeur d'aujourdhui. Est-ce que c'est bien raisonnable ? Est-ce que ça ne va pas davantage l'user qu'autre chose ? Est-il encore apte, ce coeur craquelé, à contenir la fougue des amours de jadis ?

Je ne veux pas finir la course à bout de souffle.
Même si je ne serai pas contre retrouver quelques couleurs.

dimanche 5 juin 2022

Gillet rose

Je passe mes journées en compagnie d'une boule de chaleur vivace logée au creux du plexus. Elle est là, elle tourne sur elle même et cherche à sortir lorsque j'ai le malheur de penser à toi. J'ai l'impression que c'est tous ces "je t'aime" qui n'ont pas trouvé destinataire et qui se sont regroupés entre eux pour monter une sorte de syndicat des "je t'aime" non avoués, compactés en une masse intense et impatiente, et qui poussent comme un foret contre les parois de ma poitrine, me transperçant de l'intérieur tant que je ne n'aurai pas rétabli "l'ordre naturel des choses". Parfois ils m'entraînent malgré moi, et je commence à concevoir des phrases à t'envoyer par texto qui clameraient la puissance de mon émoi, puis je réalise que c'est dans ma tête, que mes "je t'aime" me font perdre les pédales et me lobotomisent à l'usure de leur existence. A l'intérieur, c'est une manif qui ne cesse de s'accroître avec le temps et les entrevues, je les entends piétiner et se révolter en brandissant leurs petits panneaux "je t'aime, je t'aime", récupérer quelques pavés des marches de mon coeur pour me les balancer à la cervelle mais jusqu'alors, ma raison a toujours tenu tête, non sans risquer parfois de plier.

Je ne suis pas fermée aux pourparlers mais c'est souvent mon éthique qui clôt chaque débat. On ne négocie pas avec l'éthique. Cependant, mes "je t'aime" sont en supériorité numérique et les forces de "l'ordre naturel des choses" ont de plus en plus tendance à se ranger de leur côté, rendant leurs revendications intimidantes, voire oppressantes. Ils veulent passer aux aveux. Ils n'ont rien à faire du bon timing. Ou du respect des contextes. Tout ce qui les intéresse, c'est dire. C'est vomir leur attirance. Plus qu'un besoin, une question de survie.

Cette guerre civile battant son plein en intérieur, je ne tiendrai pas très longtemps. Je me laisse un mois avant de flancher sur mon programme et mes objectifs. Je ne voulais pas en arriver là, mais si ces "je t'aime" continuent à semer la zizanie en mon esprit, je n'aurai pas d'autre choix que de m'armer de courage, expulser les mots et les sentiments là où ils sont nés parce qu'après tout, je ne suis pas là pour accueillir tout l'amour du monde...

lundi 2 mai 2022

Certainement pas un chef-d'oeuvre

Je ne sais pas à qui dire tout ça alors je fais comme si tu pouvais m'entendre.
Forcément, c'est étrange, ce sont des mots que je n'aurais probablement pas le droit de prononcer. Des aveux qu'il serait incorrect de te faire. Mais, c'est le printemps, mes hormones me jouent des tours. Tu dégages un truc, une odeur d'émoi adolescent mêlée à une virilité que j'ai pas l'habitude de fréquenter. Je le sens bien, que ma peau vient se frotter à la tienne, l'air de rien, par hasard, pour ne pas que j'aille la réprimander. A quel point me ment mon corps, que je pourrais le surprendre à trébucher sur toi. Mettre en place des stratagèmes vicieux pour te frôler, se rappeler ta douceur, y'a vraiment un truc chelou dans le concept de force de gravité entre nos êtres. Et ça me rend dingo et électrique et je sais pas toi mais, l'euphorie du désir me fait péter des câbles. Tu présentes tes mains à mon visage et tu me dis "frappe". Tu me pousses à jeter mes poings contre tes paumes et je me demande, forcément, si ta proposition c'est pas un moyen d'évacuer la violence de ta pulsion. Parce que clairement, je veux bien faire semblant de me battre avec toi si c'est le seul détournement qu'on ait trouvé pour se faire l'amour très fort de manière platonique. D'ailleurs, c'est vraiment sournois que dans platonique, il y ait "nique". Mais c'est un autre sujet.

C'est fou l'énergie que peut dégager une attirance. On pourrait alimenter des villes avec ça.

Je crois que ce qui me donne envie de te manger, c'est tes petits pics d'adrénaline quand on fait de la musique ensemble. Quand tu cuisines, aussi, t'es vraiment sexy. Moi à côté de toi et d'une planche à découper les légumes, il se passe un truc incontrôlable. Ton extrême douceur et gentillesse, ta générosité et ton attention pour les autres, au sein du bulldozer sur pattes que tu es, ça ne peut être qu'attendrissant. Dans le fond je le vois bien, que tu m'aimes déjà. Mais genre, vraiment. Peu importe la manière. Je crois que t'as eu un coup de foudre sans couleur à l'amour. J'ai vu que t'as tout retenu, mes goûts, ce que j'aimais et ce que je n'aimais pas, les anecdotes, les détails, que tu ne te trompes jamais. Tu prends tellement soin de moi, tu me ramènes de quoi me réconforter quand tu sais que je suis fatiguée, à chaque fois, tu le dis pas aux autres mais tu fais quand même en sorte que je sois la reine de la soirée. Quand j'ai mal au ventre, tu me portes comme un prince pour me relever du canapé. Puis après t'ajoutes "n'en profite pas pour me peloter". Mais qui fait ça, sérieux ?

Allez, avoue-le. Ce projet, c'est un prétexte pour que je vienne te voir dans ta ville. T'as craqué quand on s'est rencontré, tu m'as lancé plusieurs fois pendant mon séjour "c'est con que tu sois pas là plus souvent" et le lendemain de mon départ, t'as trouvé une solution. C'est tout. Et je sais bien que c'est prétentieux de le croire.
Mais déjà à notre troisième entrevue, tu me préparais un des meilleurs anniversaires de mon existence. Autant d'amour en une seule personne, je me dis que ça n'existe pas de manière inconditionnelle et ouverte à tous. Qu'il a dû se passer en toi quelque chose de vraiment exceptionnel pour être une personne si adorable. Qu'à ce degré là, ça ne peut pas être juste une nature. Sinon y'aurait pas d'excuse à ce que tu sois un peu parfait, quoi.

Enfin, si t'étais célibataire.
Marrant comme une simple info change les souvenirs en un tableau assez dégueulasse.

lundi 14 mars 2022

Mutisme Sélectif

C'est quand j'ai découvert sous le papier d'emballage ce que tu avais choisi pour moi que j'ai compris un peu que tout ça n'était pas si vain. Tu avais écouté les conversations et même, tu les avais retenues. Tu avais gardé les petits détails anodins alors que je pensais que tu étais du genre à ne garder que l'essentiel. C'était si subtil et personnel, un cadeau si tendre que ça m'a frappée à la gueule que c'était comme ça que tu témoignais l'amour.

Et comment ne pas t'aimer en retour ?

Fait chier, t'entends ? Tu es vraiment trop cute, c'est un cycle infernal.
Faudrait que je t'exorcise.
Mais t'as pas la tronche habituelle du truc néfaste qu'il faut chasser de sa vie. Toi t'es juste.... Pas pareil. T'es juste, pas comme moi. On parle chacun un autre langage. Mais ça veut pas dire qu'on s'aime pas, je crois.
Enfin, je sais pas toi. Mais moi, ça veut pas dire que je t'aime pas. Je le ressens parce que quand je te vois vivre, je ne peux pas m'empêcher de te regarder. C'est étrange. Ton coeur, je l'aime comme mon enfant. Je veux chérir la plus petite part de ton être parce que je te sens chancelant, bloqué dans ta propre prison comme si on ne t'avait pas expliqué que tu pouvais juste sortir, je te sens, minuscule et à l'étroit, te dépatouiller comme tu peux avec ce que tu as. Je te sens plein de respect et de bonnes intentions, te réjouir tellement des petites choses, comme s'il n'y avait que celles là. Le reste, les trucs trop grands, c'est trop pour toi. C'est trop imposant, trop lourd, trop signifiant. Et toi, dans ta toute petite cage, tu te fais vite écraser par ce qui prend de la place.

Tu sais, depuis je réfléchis à comment rendre mon amour plus léger. Même si ça veut dire renoncer à t'aimer, ou renoncer à te le dire. Parce que, j'arrive plus à voir autre chose quand je te regarde, qu'un être fragile et pas à sa place. D'une certaine manière, le monde est probablement injuste avec le genre de personne que tu es. Et on ne se comprendra sans doute jamais. Je le sais. J'aurais beau tous les jours te déclarer le feu que t'embrases en moi, je ne te toucherai pas avec des images. Je ne te toucherai pas avec mes mots. Je ne sais même pas comment te toucher.

J'ai tellement cherché ces derniers mois, je t'assure. Toutes les façons, toutes les manières. Trouver un chemin commun pour exprimer nos émotions ensemble. J'ai même creusé des sentiers qui n'existaient pas avant toi, parce qu'on aurait très bien pu inventer les propres modalités de notre histoire. Je me suis tapée la tête contre les murs parce que je refusais de croire qu'il n'y avait pas de route possible entre toi et moi mais c'était pas ça. C'était juste que t'avais rien à exprimer.

Et c'est pas ta faute.
C'est bon j'ai compris.
C'est pas ta faute.
C'est juste que tu peux pas.