mardi 27 novembre 2012

Au revoir

Je n'ai pas vomi cette fois-ci, mais c'est peut-être parce que je n'avais rien avalé non plus.
Mon idole de chanteur, une deuxième fois juste avant mon départ. C'est une histoire de trains qui ne se ratent pas, à ma grande malchance.
La veille, je revoyais cet autre ami musicien aussi qui le connaissait depuis plus de dix ans.
Il me le confirmait : oui, elles tombent toutes amoureuses.
Sur son passage, comme des mouches.

Je n'ai pas été épargnée je le sais. Je le chante le jour, je le rêve la nuit, cela fait trois années qu'il me fascine pudiquement, deux qu'il m'a brulée les pupilles publiquement depuis que j'ai voulu l'approcher de trop près sans visière à l'émoi, au coup de foudre. Bim, dans ce troquet charmant, malade des poumons, du foie, du cœur à sa rencontre, mes organes lâchent prise, subjugués par l'homme en face ils en oublient leur travail, et moi l'option parole.

J'avais appris à m'y résoudre.
Jusqu'à mercredi dernier je crois.
Huit heures à son crochet et ne plus en démordre.
Aujourd'hui, de dix-sept à dix-neuf, entre deux rendez-vous, il se déplace jusqu'à l'Eglise Ste Eust*che.
Que pouvait-on se dire après avoir autant parlé quelques jours plus tôt, qu'avait-on encore à se raconter?
Etonnamment, on trouve toujours.
C'est le fait simple de sa présence qui ravit les cœurs.
Qui les ravive.

A dix-neuf heures moins dix, mon idole de chanteur s'est affolé à ma place.
Entre Chat*let et la gare, il n'y a qu'un seul arrêt. Mais lui comme moi ne sommes pas des doués des bouches de métro alors il s'applique et demande, me mène d'un pas pressé qui me fait sourire dans son dos lorsque je tends à le rattraper. Nous nous courrons après dans les tunnels interminables de la ratp, il s'enlève le bonnet il a le cheveu qui pointe, il m'attendrit, malgré la vitesse, il est petit et frêle et habillé comme un plombier il me fait craquer de toute sa gentillesse et son implication réservée.

Entrés en trombe dans le wagon il remarque qu'il s'est trompé de sens pour son prochain rendez-vous. L'espace d'une station on souffle de s'être un peu stressés mutuellement. Il me reste moins de huit minutes pour arriver à bon quai. Je lui dis au revoir dans la rame histoire de prendre de l'avance sur ma prochaine course, il me serre dans ses bras comme la dernière fois mais cette fois-ci je lui rends l'étreinte, alors il lâche la barre pour ne se tenir qu'à moi, attaque cardiaque, pourvu que le métro ne freine pas. Rester debout en déséquilibre, immobiles ou presque alors que tout avance, et se désentrelacer progressivement, sans un regard, fixer le sol ça dure une plombe, la proximité outrageante de ces corps un instant trop intimes.

Les portes s'ouvrent, nous descendons d'un pas accéléré, je trace devant pensant que les au revoir avaient déjà été consumés mais il me double dans les escaliers et tout en haut m'y attend "pour me dire au revoir".
Il faut savoir.
Dans le feu de l'action et cette folie des minutes qui ne cessent de s'écouler au fond du sablier nous finissons par nous rentrer dedans, se sauter au cou sans demi-mesure, s'agripper de toute la force d'une tendresse sans retenue, au point d'un peu danser légèrement sur les deux pieds, les gens autour de nous s'agitent sans nous bousculer, le temps par charité nous accorde un sursit de quelques secondes. Alors il m'étreint de plus belle lorsque entre deux respirations il enfouit sa tête dans mon cou son baiser sur ma nuque ma colonne qui frémit d'audace à m'en faire frétiller les cils, je ne l'imaginais pas si fougueux et entier, si coriace, je me sens portée, léviter, légère, débarrassée d'un poids lorsque nos yeux se croisent une véritable fois, emplie d'un sourire qui déborde de mon visage lorsque je lui souffle la mine comblée mon dernier "au revoir" avant de m'éclipser dans le mouvement de foule, disparaître de la surface de la planète et maugréer en silence enfouie dans mon siège sur le départ ces instants qui s'éloignent en même temps que mon train file jusqu'à la prochaine gare.



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Du temps à tuer?