dimanche 10 février 2013

Une histoire de chaleur

Je suis assez bouleversée.
Je n'ose pas trop en parler. Et à qui.
Ça me poursuit. Où que j'aille, qu'importe le choix entrepris. Ils s'avancent jusqu'à moi, et je suis attirée par eux. Mais celui-là, quand même. Je peux l'avouer.
Je n'avais rien vu venir.

Il y a un an et demi, lorsqu'il a levé sa paume de mes épaules, j'ai senti une boule en moi bouger, un serpent se faufiler entre mes côtes et ensemble, nous l'avons suivi. Jusqu'à ce qu'il se libère. Ce fut une expérience troublante car elle était très concrète et physique dans son immatérialité. Une expérience partagée. Nous vivions la même chose, nous pouvions la décrire en même temps, bien que ni l'un ni l'autre ne puissions la voir.

Ce garçon remuait quelque chose en moi. Je me sentais proche. Enveloppée par un amour bienveillant. Mais il brillait trop. Il était trop lumineux, incandescent et propre. A côté, une impression de souillée. De souillon. Je n'osais pas l'approcher.
Je l'évitais même un peu.
Je lui souriais de loin, lorsqu'il prenait les devants pour me dire bonjour, dans sa grande gentillesse.
Je me sentais proche et si loin.
Parfois, lorsqu'il se proposait de me rendre service, je lui indiquais quelqu'un d'autre, qui avait sûrement plus besoin d'aide que moi.

Hier, pour la deuxième fois, il a reposé sa main au dessus de mes épaules.
La chaleur s'est emparée de moi. Il a senti qu'il était brûlé.
Bien que je reçoive souvent, ça ne me fait pas ça avec les autres. Ce n'est pas si fort, si intense.
Démonstratif.
Comme nous n'avions que peu de temps, il m'a promis qu'il continuerait aujourd'hui.

Et nous y sommes.

Toujours le même effet.
Alors je me suis retournée, lui ai demandé, est-ce normal?
Moi ça fait dix ans et toi, combien de temps?
Un an et demi? Juste avant que nous nous soyons rencontrés, incroyable. Quelle force en toi.
Il me répond. J'ai les anges avec moi. Je suis guidé. J'ai fait beaucoup d'autres choses avant cela.
Et il me parle. Du feu. Du magnétisme. Des esprits. De la médiumnité.
Et alors qu'il me souffle ses mots derrière l'oreille, je suis médusée.

J'en ai vu passer des sorciers dans ma vie.
Mais lui. Il n'a vraiment pas la tête de l'emploi.
A des kilomètres pourtant, je les sens s'approcher de moi.
A petits pas, m'amadouer avec leurs phrases évasives sur les intentions réelles, leurs tours de magie, de passe-passe pour dissimuler l'essentiel avec leur gros égo qui cacherait des montagnes entières s'ils savaient. Je fuis ceux qui causent trop.
Mais lui.

Il a dit : "D'habitude, je n'en parle pas. Mais pour toi, on m'a autorisé."
Évidemment.
Ça me tombe toujours dessus.
Ça me suit jusque dans ce lieu où c'est pratiquement interdit.

Il ne ressemble tellement pas aux sorciers que je connais.
Il ne dégage pas cette force oppressante parfois, fascinante à d'autres, cette puissance guerrière de l'aura qui cherche à imposer son pouvoir. Pas toujours de manière consciente.
Lui, il est juste pur. Généreux. Pas du tout imbus de lui-même, il s'oublie, peut-être un peu trop pour les autres. L'énergie qui emplissait mes cellules m'a complètement remué le corps et l'esprit, m'a émue. Je me sentais trembler de l'intérieur. A cela, il a répondu que c'étaient mes parcelles de froid qui commençaient à bouillir, les sentiments se dégeler au fur et à mesure.
"Entre nous, il y a une histoire de chaleur".

J'ai pensé, la chaleur d'un amour.
Il a pensé, la chaleur d'une brûlure.

Qui sait, elles sont peut-être semblables.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Du temps à tuer?