mercredi 6 mars 2013

La vie, une salle de classe sans fond

J'ai rêvé de toi.

T'arrivais pimpant dans la classe ton cahier sous le bras et posais tes affaires sur le bureau du premier rang, en face du professeur. T'étais revenu d'Australie, enfin. Sans me le dire. Avec juste un sourire en guise de cadeau souvenir. Tu me prenais la main t'avais l'air heureux, si heureux de me retrouver. Tu voulais que je m'assoie à tes côtés. Tu voulais que je reste. Tu voulais pas me quitter, alors que t'étais parti. Si longtemps. Si longtemps, que j'avais vu plein de types au milieu. Que je batifolais dans tous les sens, me débattant désespérément pour retrouver l'amour.

Dans cette section, ils étaient nombreux. Il y avait des anciens gars que j'aimais bien. Il y avait mon amoureux secret du collège avec sa coupe à la Léo version Titanic à qui j'osais enfin échanger quelques mots pour la première fois. Il y avait Arnaud Tsamère. Je lui sautais au cou et il me faisait tourner dans ses bras comme un vieux passing de rock and roll acrobatique. Et il y avait toi, qui étais revenu. A prendre ma main, comme si ce temps d'absence là, il existait pas.

Tu me dégageais de l'espace sur ton bureau mais j'avais pas mes affaires avec moi alors j'ai lâché tes doigts, malgré ton insistance, malgré tes yeux qui me serraient ferme le coeur, il me fallait récupérer ce qui était à moi. Le prof est arrivé pendant notre discussion et s'est assis tout près, j'en ai profité pour m'éclipser, te promettant de revenir. Alors. J'ai parcouru cette classe en sens inverse, sous l'agitation. Le remue-ménage de ma vie effervescente. Je me suis appliquée à marcher droit sans que les larmes ne tombent. A faire bonne mine et dire bonjour. Ils sont passés à maintes reprises devant moi, obstruant ma route. Mais mes pieds se posaient toujours l'un devant l'autre, dans un fracas intérieur lourd et intense. La salle de classe était comme une longue rue à ciel ouvert et les rangées de bureaux finissaient par empiéter sur les trottoirs de la ville. Et tout au bout, dans les rangs des mauvais élèves, on pouvait voir les voitures circuler, les immeubles déconstruits. J'avais dû en avoir une, un jour, de place attribuée. J'avais laissé mon classeur posé sur un des bureaux il y a bien longtemps, en pensant qu'il y resterait. Et j'étais plus revenue en cours. Faisant l'école buissonnière par intermittence.

Aujourd'hui j'en suis là. A chercher ce que j'ai jadis abandonné dans ma négligence. Au fond du fin fond dans cet endroit qui ressemble à autre part, je cherche encore. Parce que tu m'attends tout devant.

Mais c'est trop tard, n'est-ce pas.
T'es irrattrapable.

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Du temps à tuer?