dimanche 9 décembre 2012

Les sanglots sous les draps

Je suis partagée.
J'ai trouvé un appartement.
Dix mètres carré plus dix mètres carré.
Vue sur les toits et l'infinité des pensées égarées à venir.
Lorsque j'ai foulé les pieds de cet endroit devenu mien pour la première fois, j'ai pleuré.
A chaudes larmes.
Les lumières étaient faiblardes et avares, les murs crasseux, le matelas tâché le sommier grinçant et bancal, le frigo d'une puanteur infecte ainsi que la salle de bain aux odeurs d'eaux usées j'ai pensé, je ne peux pas, pas dans ces conditions là, je ne peux pas envisager ce lieu impersonnel et sale comme un chez soi. Dans les bras de mon garçon des étoiles qui prend le train lundi et arrivederci. J'ai chouiné de longues minutes, d'une ritournelle d'enfant.
Je ne veux pas qu'il s'en aille.
Je ne veux pas le quitter.

Aujourd'hui quelqu'un m'a fait cette remarque : "ton visage ne laisse pas entrevoir ce que tu traverses". A quelques mots près. Personne ne sait.
Même pas moi.
A quel point cela peut être difficile.
La rupture de masse.

Pourtant, quelques textes auparavant, j'exprimais mon appréhension à tout lâcher pour là-bas. Et mon nouvel amour pour cette ville que je connais à peine. Mon désir de rester y vivre de belles journées.
Je n'imaginais juste pas le faire par moi-même, probablement.
Et sans lui.

Peine perdue.
Rien ne le retiendra.
C'est son chemin, et il ne souhaite pas prendre la responsabilité de tirer les rennes de mon destin en l'incorporant au sien. Je le comprends.
Mais quand même.
Les sanglots sous les draps.
Pourquoi doit-on s'infliger cela?

Subir les départs et encaisser les adieux, se blottir dans le lit en sachant que c'est la dernière nuit.
Que l'on ne se reverra pas.
Alors qu'on s'aime.
D'un amour sain, qui ne demande rien à personne.
Ce n'était peut-être pas à la folie.
Mais c'était là pour sur.

Le garçon des étoiles s'en va sans moi.
C'est effectif depuis la semaine dernière.
Une semaine pour trouver où se loger, et dans quelle ville.
Une semaine pour revoir à la baisse ses projets d'avenir, et se proposer à soi-même les brouillons des nouveaux buts à suivre.
Une semaine durant laquelle on ne pense plus que c'était la dernière. Et qu'il n'y aura pas de rab.

Alors oui c'est dur.
Ce n'est pas si dur.
Ni très dur.
C'est dur.

Et c'est déjà pas mal.


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