mercredi 11 juin 2014

Venir comme on est

Les odeurs des herbes séchées, fumées par le soleil le long de la corniche.
Sur son vélo en amazone, les images défilaient, comme une douce brise.
C'était simple.

C'était lent. Aussi infime que la terre qui tourne sous nos pieds. Sans crier gare, ni réaliser, tout se mouve, se remue en dedans.
C'était lent. Et le temps notre allié. Dans le respect de garder ses ailes intactes, savoir s'élancer parce qu'on le sent, pas parce qu'on le doit.
C'était droit. Dans nos baskets, rester tels quels.
Et venez comme vous êtes.

Il m'a avoué que je lui avais paru sauvage de prime abord, au concert, mais qu'assis tous deux devant la mer, il en était autrement. Qu'il fallait que l'on m'apprivoise. Je lui ai alors révélé que c'était lors de mes échanges avec le sexe opposé que je prenais mes distances, tombant trop souvent dans les pièges, me retrouvant acculée par de bonnes intentions au demeurant et sûrement (en vue des réactions) tous ces signaux opposés et confus que je devais renvoyer à la gente masculine. Il a fait des yeux étonnés avant de me certifier :

- Je n'ai pas du tout trouvé que tu envoyais des signaux confus.
- Alors, tu es bien le seul!
- Je t'assure, la manière dont tu m'as abordé, c'était très clair que ce n'était pas ambigu.

J'ai ri.
Et souri longtemps après.

- Bah tu vois, c'est bien ce que je disais. Mon attitude et mes actes sont mal interprétés. Toi, tu me plais!

Toi tu me plais et en moi c'est tout confus.
Tu n'as plus parlé après ça. Alors je me suis lancée dans de longues explications, par égard pour toi, le temps de combler, que tu te remettes du choc. Je t'ai évoqué notre première rencontre. Tu m'as dit que ce regard échangé lors de ma chanson avait fini par être troublant sur la durée. Et que pour l'invitation, c'était volontiers. De ta main, tu as remis en place les cheveux sur ma joue. Je me suis écartée.

Ce n'est pas parce que l'on se plait mutuellement que l'on doit fatalement se rapprocher l'un l'autre.
Un chemin systématique que j'ai choisi de ne plus emprunter.

Je préfère prendre le temps. Cultiver la patience, et voir ce qui en fleurit. Quelle couleur prend le lien qui nous suspend à nos lèvres, à nos regards, quelle forme a notre amour, et agir en conscience. Foncer à l'aveuglette dans les relations alors qu'il suffirait, parfois, d'attendre que le brouillard se lève pour comprendre, ce que l'on représente dans la vie de chacun. Je me suis trop souvent brulée, j'ai calciné mes sentiments à ne pas essayer de les définir, de les reconnaître parce que je voulais vivre avant tout, en premier lieu, je voulais vivre les histoires pour la beauté du geste.

Je me suis si peu écoutée par le passé, trouvant tout un tas de justifications à mes élans spontanés.
Je me suis butée à croquer la vie à pleines dents, sans même vérifier au préalable qu'elle était comestible.
Et se répéter en boucle : "Tu le savais. Tu étais au courant. Tu n'as juste pas voulu entendre.".

Côte à côte sur les rochers, tu as compris.
Entre deux bouchées de pique nique improvisé, tu m'as dit que j'avais tapé dans l’œil à tes deux copines de travail, que tu soupçonnais être en couple. Qu'elles n'avaient pas arrêté de te taquiner avec ça. De t'affirmer que j'étais bien pour toi, et qu'on irait bien ensemble. Mais pour toi, la différence d'âge...

Alors je me suis osée à te faire part des correspondances.
De cette vidéo de la veille. Comment attirer l'homme de sa vie.
Des listes à tirer. A rayer, à récrire.
Les hommes sont courageux.
Et toi.

Tu m'as répondu que ça ne signifiait pas rien pour toi.

3 commentaires:

  1. Je souris, parce que j'aime vraiment beaucoup ce que je lis. J'aime cette beauté là.

    :-)

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    1. Tu dois peut-être même un peu te reconnaître. Dans les élans spontanés, par exemple...

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    2. C'est pas impossible

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Du temps à tuer?